Initié par le Centre d’Études Supérieures de Civilisation Médiévale et l’École Pratique des Hautes Études, le projet SIGILLA a amené à la création en 2015, d’une base de données numériques dont l’objectif est de collecter, pérenniser et mettre à disposition des chercheurs, l’ensemble des vastes collections de sceaux conservées en France, aux Archives Nationales. 

Dans le cadre d’un partenariat entre le Consortium de SIGILLA et l’Atelier National de Recherche Typographique, un programme de recherche pour le module épigraphique de SIGILLA est développé afin de produire un outil typographique dédié pour transcrire les légendes sigillographiques.

L’épigraphie du sceau présente de nombreuses spécificités, propres aussi bien à des périodes historiques et stylistiques qu’à des procédés d’écritures et d’abréviations intimement reliés au support et à la matérialité des sources. L’étude procède ainsi d’un vaste travail d’analyse des formes, de repérage des allographes, d’identification des signes de ponctuation et des diacritiques, des caractères spéciaux, des abréviations et signes abréviatifs, des nombreuses ligatures induites par la petitesse de l’objet, parfois la fantaisie de certains graveurs. 

Pour entamer ce travail, le champ s’est resserré autour de l’étude d’un corpus précis, l’inventaire des sceaux de la Normandie constitué de 3187 sources. L’inventaire couvre une vaste période, les premières sources étant datées du XIe siècle et les sources les plus récentes du XVIIIe. Il considère ainsi une évolution signifiante de l’écriture et des transformations au cours du temps de la graphie de l’alphabet latin. 

Les enjeux du projet dirigent la recherche vers l’élaboration d’une typologie de polices de caractères permettant la restitution de l’ensemble des signes observés et s’accordant sur des périodes historiques et stylistiques. Néanmoins, les nombreuses variations et particularités d’une source à l’autre induisent dans le dessin de caractères de s’interroger sur le niveau de détail à représenter : où placer le curseur pour que le dessin d’une lettre type puisse transcrire avec pertinence l’ensemble de ses sœurs apposées dans la cire ? Entre l’appréciation structurelle, morphologique de la lettre et la singularité de chaque source, l’ambition est d’élaborer pour chaque période une police de caractères unifiée se plaçant dès lors comme un outil sur la base de données Sigilla, utilisable plus largement pour les problématiques éditoriales et de transcription de la sigillographie.